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Autoportrait dans une chaire gothique à Vienne

Cathédrale Saint-Étienne de Vienne (Stephansdom)
Stephansplatz, 1010 Wien, Autriche


Chef d’œuvre de l’architecture gothique, la cathédrale Saint-Étienne ou « Stephansdom » est un des monuments les plus connus de la capitale autrichienne, ce qui lui vaut d’être représentée sur les pièces de dix centimes d’euros. Elle est également fortement liée aux Habsbourg car ses catacombes accueillaient les entrailles des membres défunts de cette dynastie tandis que leur cœur et le reste de leur corps étaient reçus respectivement par l’église des Augustins et par la crypte de l’église des Augustins. Le dernier enterrement de ce type fut celui du père de l’empereur François-Joseph (mari de Sissi) en 1878.
La cathédrale Saint-Étienne ou "Stephansdom"

La cathédrale Saint-Étienne ou « Stephansdom »

On trouve les premières traces d’un édifice religieux à cet endroit avec la consécration d’une première église romane en 1147 par l’évêque de Passau, qui a ensuite été remplacée par une seconde un siècle plus tard dont seul la façade Ouest est aujourd’hui conservée. La présence de pierres tombales emmurées dans le mur renforce l’hypothèse que l’église aurait été construite sur un ancien cimetière romain. C’est également sur cette façade qu’a été gravé « O5 », symbole de la résistance autrichienne pendant la seconde guerre mondiale. La construction de la majeure partie de l’église actuelle de style gothique a commencé au début du XIVème siècle avec le chœur puis la nef et la tour Steffl (transept Sud) de 137m de haut, ce qui en fait la plus haute tour d’Autriche. Au temps de l’empire austro-hongrois, aucun édifice religieux ne devait être plus haut que cette dernière, la tour de la nouvelle cathédrale de Linz, de style néogothique a par exemple due être rabaissée à environ 135m. La tour nord du « Stephansdom » est quand à elle inachevée. La première pierre a été posée en 1450 pour atteindre son niveau actuel 61 années après. Les difficultés économiques, sociales et le danger turc (premier siège de Vienne en 1529) sont les principales raisons avancées mais une légende populaire raconte que l’architecte Hans Puchsbaum aurait rompu un pacte passé avec le diable pour finir la tour. Elle a été couverte par un lanternon Renaissance en 1578. Ce dernier héberge la « Pummerin », une cloche dont l’originale a été réalisée en fondant les canons abandonnés par  les turcs après le siège de 1683 et qui est aujourd’hui la plus grosse cloche d’Autriche. La cathédrale a en effet été touchée par plus de mille boulets de canons lors de ce siège dont certains ont été emmurés en souvenir. Elle a également subi des dommages lors des guerres napoléoniennes et surtout lors de bombardements pendant la seconde guerre mondiale qui ont détruit la moitié de l’édifice. Par chance, ses trésors ont été protégés avant la guerre et certaines œuvres ont été murées, comme le tombeau de l’empereur Frédéric III du Saint-Empire ou encore la chaire qui se trouve dans la nef centrale.
La chaire s'appuie sur une des colonnes de la nef

La chaire s’appuie sur une des colonnes de la nef

La chaire est une tribune permettant à l’orateur de surplomber les fidèles. Celle de la cathédrale de Vienne date de la fin du XVème siècle et a été construite dans trois blocs de grès. De style gothique, sa base se constitue de six colonnettes ornées de représentations de saints et d’une septième colonne portante, au centre et plus grosse, symbolisant le dimanche, jour où la chaire était utilisée. Les parties supérieures des colonnettes portent une décoration gothique flamboyante stylisant une fleur dont les pétales seraient le balcon fermé. Cette partie est décorée par le buste des quatre docteurs latins de l’église s’appuyant tous sur un livre et dont le regard se perd dans l’église, avec de gauche à droite: Augustin d’Hippone (portant la mitre d’évêque et avec un encrier), Grégoire Ier dit le Grand (portant la tiare papale et avec une loupe), Jérôme (portant le chapeau de cardinal) et à l’extrême droite: Ambroise de Milan (portant la mitre d’évêque). La balustrade de l’escalier se compose de quatre roues avec des motifs trilobés et quadrilobés, les premiers symbolisant la Trinité, les autres, la Terre (les quatre saisons et les points cardinaux). L’escalier permettait ainsi au prédicateur de quitter symboliquement la terre pour s’élever vers le ciel et donner la bonne parole aux spectateurs.
Sur la cuve de la chaire sont représentés: Saint Grégoire et Saint Jérôme

Sur la cuve de la chaire sont représentés: Saint Grégoire et Saint Jérôme

La base de la chaire est décorée des douze Apôtres

La base de la chaire est décorée des douze Apôtres

Sous l’escalier, se trouve l’autoportrait de l’auteur de la chaire, sculpté dans la pierre, qui s’est représenté en train de regarder son œuvre par une fenêtre. Son portrait étant accompagné d’un compas et d’une équerre, attributs de l’architecte, son métier était facile à deviner, tout comme son statut social de citoyen libre par son style vestimentaire et ses cheveux longs. La tradition pour les architectes de se faire représenter dans leur construction était assez courante au Moyen-Age. Si la chaire a longtemps été attribuée à l’architecte et sculpteur Anton Pilgram (surtout connu à Brno (République Tchèque)), des recherches récentes lui en ont enlevé la paternité.
L'autoportrait se trouve sous l'escalier

L’autoportrait se trouve sous l’escalier

 L'architecte s'est représenté regardant par la fenêtre avec ses attributs (compas et son équerre)

L’architecte s’est représenté regardant par la fenêtre avec ses attributs (compas et son équerre)

 

Voir un article sur la même tradition dans une gargouille de la cathédrale Saint-Jean de Lyon
Pour les fans déçus d’Anton Pilgram, la lecture de l’article sur le pinacle tordu qui lui est attribué à Brno vous réconfortera.


La ville de Vienne est très riche en surprise, ainsi je vous conseille d’aller lire l’article sur les vestiges remplis de symbolisme de la plus vieille synagogue de Vienne, sur une ancienne tour de DCA transformée en aquarium, sur une villa liée à deux grands artistes autrichiens, ou encore une machine à habiter.

Les fans de Gustav Klimt sont servi avec son unique autoportrait,et la représentation de ses peintures disparues à l’université.

En vous éloignant un peu de la ville, vous serez sûrement intéressé par le château médiéval reconstruit avec des morceaux d’architecture, ou par la chartreuse de Mauerbach et son église traversée par un cloître, puis en vous enfonçant dans les paysages alpins en suivant le flux de pèlerins, vous arriverez à Mariazell et sa basilique baroque dans laquelle le gothique est parfaitement visible.

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