UA-66654770-1

Parc des Monstres (Parco dei Mostri)
Località Giardino, 01020 Bomarzo Viterbo, Italie


Bomarzo, petite commune de la province de Viterbe au nord de Rome, s’étend sur un éperon rocheux dominant la vallée du Tibre, et a une histoire fortement liée à la famille des Orsini dont elle a été le siège. Leur palais, joyau de l’architecture de la Renaissance, est le résultat de la restructuration d’un château médiéval réalisée au XVIème siècle pour Pierluigi Vicino Orsini, ancien « condottiere » (chef d’une armée de mercenaires se mettant au service d’un état). Les étapes de la construction de ce bâtiment sont liées à un parc situé dans une vallée en contrebas, aménagé à la même époque et appelé le « bois sacré ».
Bomarzo et le palais des Orsini vus depuis les jardins

Bomarzo et le palais des Orsini vus depuis les jardins

La particularité de ces jardins est d’être composées de figures grotesques sculptées et de petits bâtiments répartis dans la végétation naturelle. Les statues ont été sculptées dans la pierre directement à l’endroit où elle se trouvait, un peu comme dans une carrière. Travaillé dès la haute antiquité, le pépérin est une roche volcanique, de couleur marron ou grise et très résistante, qui se trouve en grande quantité dans la région. Ces jardins, réalisés par l’architecte napolitain Pirro Ligorio, ont été voulus par Vicino Orsini à son retour du service dans les armées pontificales en 1552 et ont été terminés vers 1580. Le peu de documentation ne permet que d’interpréter toutes les figures présentes dont certaines, courantes dans les jardins humanistes de l’époque, sont plus connues que d’autres. Cependant, deux parcours à travers le parc sont aujourd’hui supposés: le premier est vraisemblablement dédicacé à Giulia Farnese, la défunte femme de Vicino Orsini et serait inspiré du livre le « Songe de Poliphile », rédigé en 1467 par Francesco Colonna. Il raconte le voyage imaginaire de Poliphile, en train de revivre son amour pour Polia, elle aussi prématurément disparue.

 

Cette œuvre a inspirée la conception de nombreux jardins durant la Renaissance. L’autre parcours serait plus en rapport au monde des enfers et parait conduire à la « Jérusalem délivrée », du poème épique sur la première croisade écrit en 1581 par le poète Le Tasse. De nombreuses sculptures font également référence à des œuvres des poètes italiens Arioste et Annibal Caro. Les jardins sont un très bel exemple de l’art des jardins à l’époque où l’art grotesque est en pleine maturité (courant inspiré du décor de la « Domus aurea », le palais de Néron redécouvert à la fin du XVème siècle) et en pleine période d’ésotérisme et du fantastique à Rome.L’entrée dans les jardins, aujourd’hui couramment appelés le « parc des monstres », se fait par une porte avec un arc en plein cintre et couronnée d’un crénelage à merlons bifides. Le visiteur est ensuite accueilli par deux sphinx, probablement choisis pour leur fonction de gardiens de la cité sacré, puis par la tête sortant du sol du monstre Protée, divinité marine grecque ayant le pouvoir de se métamorphoser. Elle porte sur son crâne une boule décorée avec les armoiries de la famille des Orsini, dont la décoration indique qu’elle tourne. C’est un témoignage aux nombreux voyages qu’a fait Vicino Orsini en tant que militaire alors que le monstre est le symbole entre le bien et le mal.
La tête du monstre Protée sortant du sol

La tête du monstre Protée sortant du sol

L'éléphant d'Hannibal avec un légionnaire dans sa trompe

L’éléphant d’Hannibal avec un légionnaire dans sa trompe

Les autres rencontres se font suivant les chemins empruntés: ici, l’éléphant d’Hannibal tenant un légionnaire romain dans sa trompe et sur le point de le tuer; là, Pégase, le cheval ailé, en train de s’envoler de la fontaine, représentant les sources du fleuve Océan, où il serait né.
Pégase (au fond, une partie de la gueule de l'orque)

Pégase (au fond, une partie de la gueule de l’orque)

La tortue géante surmontée d'une victoire ailée

La tortue géante surmontée d’une victoire ailée

Tout proche de Pégase, se trouve un orque, la gueule grande ouverte et semblant attendre le faux pas d’une tortue géante surmontée d’une victoire ailée, figure de la renommée. Cette mise en scène signifiait probablement que la renommée pouvait être fragile et que même une personne dont elle n’était plus à faire pouvait la perdre. On retrouve également, une représentation de Neptune trônant sur une fontaine, une nymphe endormie qui aurait été voulue par Vicino Orsini car il aimait regarder sa femme pendant son sommeil, et de nombreuses références à la culture étrusque dont la province de Viterbe était le cœur de la civilisation.
La nymphe endormie

La nymphe endormie

Le combat entre deux géants

Le combat entre deux géants

On peut se retrouver devant le combat de deux géants dont l’interprétation diffère, certains y voyant Hercule en train de terrasser Cacus pillant les plus démunis, d’autres Orlando furioso écartelant un berger (référence au poème d’Arioste); ou encore devant ce qui est devenu l’emblème du site, appelé l’ogre et figurant la tête pétrifié d’un homme en train de crier. Sur sa lèvre supérieure, il est gravé la citation « OGNI PENSIERO VOLA » (chaque pensée s’envole), issue de « l’enfer », première partie de la « Divine comédie » de Dante Alighieri et dont le nom de « porte de l’enfer » également donné à la sculpture fait clairement référence.
L'ogre (dont la gorge est aménagée pour se reposer au frais)

L’ogre (dont la gorge est aménagée pour se reposer au frais)

La maison penchée

La maison penchée

Deux bâtiments ont également été construit sur le site, le premier, dédié au cardinal Madruzzo, ami de Vicino Orsini, est une maison penchée, référence à la crise que vivait l’église catholique après la réforme protestante. Le second bâtiment, situé au sommet de la colline, est un temple dédié à l’amour construit par l’architecte Vignola, vingt ans après la conception du parc. Il est dédié à Giulia Farnese qui venait de mourir et était le point culminant du parcours s’inspirant du songe de Poliphile, permettant au prince de revivre son amour pour sa femme. Cet édifice est composé d’une salle octogonale couverte d’une coupole surmontée d’un petit lanternon et précédée d’un portique de plan carré, dont la façade tétrastyle (colonnade de quatre colonnes) est couronnée par un fronton triangulaire percé en son centre d’un arc en prolongement d’une voûte en plein cintre allant jusqu’à la cella (salle principale d’un temple).
Le temple

Le temple

Ce parc a sûrement été construit pour un usage public, à l’époque où les familles les plus riches se disputaient le pouvoir à Rome et où tout une cour s’était développée autour de chacune d’elle. Les Orsini ont probablement organisé de nombreux spectacles en tout genre dans ces jardins, qui ont été oubliés après leur mort et n’ont été restaurés qu’au début du XXème siècle.

 


Ces jardins auraient inspiré la construction d’un palais avec une façade monstrueuse à Rome quelques années après.

Des jardins de Bomarzo, vous pouvez facilement allé à Viterbe, capitale de la province et dont la cathédrale contient un choeur caché.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *