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Un des plus grands musées lapidaires d’Europe dans une église à Narbonne

Musée Lapidaire (Ancienne église Notre-Dame de Lamourguier)
Place Lamourguier, 11100 Narbonne


Pourtant capitale de Province, la ville de Narbonne a conservé très peu de structures architecturales de son passé antique, comparé à Arles ou à Nîmes. Cependant, il est possible de se faire une idée de sa grandeur en allant visiter son musée lapidaire, qui est souvent décrit comme le plus grand du Monde après celui Rome, et situé depuis plus d’un siècle dans l’église Notre-Dame-de-Lamourguier.
Une grande partie de la collection du musée lapidaire vient du démantèlement des fortifications de la ville sous Napoléon III.

Une grande partie de la collection du musée lapidaire vient du démantèlement des fortifications de la ville sous Napoléon III.

Cette église, construite tout au long du XIIIe siècle, constitue un des plus bels exemples du gothique méridional, qui se définit par une architecture plus austère que celle du Nord. Les principales caractéristiques de ce style se retrouve effectivement dans cet édifice à nef unique (ici de sept travées, sans bas-côtés, et sans transept), éclairée par un nombre d’ouvertures limité, et couverte par une charpente reposant sur des arcs diaphragmes, dont les poussées sont reprises par des contreforts (et non des arcs-boutants). Cette église garde cependant quelques traces de la construction romane datant du siècle précédent, dont le portail occidental, par où se fait l’entrée du musée actuel. Le lieu de culte est cité pour la première fois en 1066, dans le « bourg Notre-Dame », avant d’être affilié une vingtaine d’années plus tard à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Les moines ont ensuite construit les bâtiments conventuels pour transformer les lieux en prieuré. Ceux-ci sont vendus comme bien national à la Révolution, et sont transformés en caserne par l’armée qui les loue à la ville.
A proximité des anciens remparts, le chevet est crénelé pour pouvoir servir à la défense de la ville.

A proximité des anciens remparts, le chevet est crénelé pour pouvoir servir à la défense de la ville.

La destination de l’église désacralisée changea avec la démolition des remparts de la ville, dont le tracé passait d’ailleurs à proximité du chevet du bâtiment. Ces fortifications dataient du début du XVIe siècle, lorsque Narbonne s’est retrouvée rattachée au royaume de France et devient une des place-fortes à sa frontière. Elles seront démantelées de 1868 à 1884, après que la municipalité ait pu obtenir le déclassement de la ville auprès de l’empereur Napoléon III. Beaucoup de vestiges gallo-romains réemployés dans la construction de l’enceinte sont alors extraits, et seront d’abord entreposés dans le jardin du musée. Cependant ceux-ci étant exposés aux intempéries, la Commission archéologique obtiendra l’autorisation de les stocker temporairement dans l’église qui est encore louée par l’armée.

Aujourd'hui, l'église Notre-Dame-de-Lamourguier est également reconnue comme un bel exemple d'architecture gothique méridionale.

Aujourd’hui, l’église Notre-Dame-de-Lamourguier est également reconnue comme un bel exemple d’architecture gothique méridionale.

La construction d’une nouvelle caserne libère les lieux en 1889 et la collection lapidaire quitte définitivement le jardin du musée. Les pierres ne sont pourtant pas encore à l’abri, car en 1904, un orage endommagea la toiture de l’église déjà fragilisée par la construction des halles à l’emplacement des anciens bâtiments conventuels, et un arc s’écroula deux années plus tard. L’édifice était alors au cœur d’une polémique. En effet, en pleine pression immobilière, son emplacement faisait des envieux, et l’édifice est même supprimé de la liste des monuments historiques. Fort heureusement, cette suppression ne fut que temporaire, et les défenseurs du bâtiment ont invoqué l’extraordinaire collection lapidaire qu’il abrite, bien avant son intérêt architectural, comme argument pour le protéger.

L'installation des vestiges gallo-romains dans l'église, alors propriété de l'armée, sera définitive en 1889.

L’installation des vestiges gallo-romains dans l’église, alors propriété de l’armée, sera définitive en 1889.

Menacée de destruction à cause de la pression immobilière au début du XXe siècle, l'église sera en partie sauvée grâce à la collection lapidaire qu'elle abrite.

Menacée de destruction à cause de la pression immobilière au début du XXe siècle, l’église sera en partie sauvée grâce à la collection lapidaire qu’elle abrite.

La collection s’est depuis enrichie d’éléments récupérés lors de fouilles archéologiques, et la présentation de ces vestiges formant des murs de pierre est impressionnante. L’église abrite environ 1300 blocs sculptés, datant en grande majorité des deux premiers siècles de notre ère, et essentiellement issus de l’art funéraire gallo-romain, mais également de grands édifices publics de la cité antique. Suite à des études commencées en 1980, des chercheurs ont d’ailleurs réussi à reconstituer certains monuments, permettant ainsi de retrouver une partie de l’aspect de l’ancienne capitale de la province de la Gaule Narbonnaise, qui s’étendait jadis de Toulouse au lac Léman.

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