UA-66654770-1

Musée d’Art et d’Histoire d’Orange
Rue Madeleine Roch, 84100 Orange


La ville d’Orange, à une trentaine de kilomètres au nord d’Avignon a été fondée en 35 avant J-C par des vétérans de l’armée romaine sous le nom de « Colonia Julia Secundanorum Arausio ». Son nom actuel est une déformation direct de son nom latin d’Aurausio tout comme beaucoup de villes de la région (Avignon (Avenio), Vaison-la-Romaine (Vasio) ou encore Apt (Apta Julia)). Principauté indépendante pendant plusieurs siècles avant d’être annexée définitivement sous le règne de Louis XIV, elle a entre-autre appartenu à la maison d’Orange-Nassau, régnant actuellement aux Pays-Bas et a donc de manière indirecte donné ses couleurs nationales aux Pays-Bas. La ville est aujourd’hui surtout connue pour ses deux monuments antiques inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO: son théâtre, le seul en Europe à avoir gardé son mur de scène (et l’un des trois dans le reste de l’empire romain avec celui d’Aspendos (Turquie) et celui de Bosra (Syrie)) et son arc de triomphe, l’un des mieux conservé en France. La beauté de ses deux vestiges de l’antiquité fait presque oublier que le musée à proximité du théâtre présente un cadastre datant du Ier siècle après J-C et unique dans le monde romain.
La salle des cadastres avec l'inscription de Vespasien au dessus de la porte et le cadastre B sur le mur du fond

La salle des cadastres avec l’inscription de Vespasien au dessus de la porte et le cadastre B sur le mur du fond

Ce cadastre romain, le plus complet à ce jour, a été retrouvé en grande partie au milieu du XXème siècle en une multitude de fragments et accompagné d’une inscription attribuée à l’empereur Vespasien qui en ordonne l’élaboration en 77. Son but était de permettre la restitution ou la location des terres publiques qui étaient alors utilisées par des personnes privées et il était affiché sur le forum de la ville antique. De cette façon, tout le monde pouvait connaitre le propriétaire des parcelles et la valeur d’imposition fiscale des terres environnantes. Le cadastre couvrait pratiquement tout le territoire de la cité antique d’Orange et se composait d’au moins trois plans cadastraux. Gravé sur du marbre, il se présentait sous la forme de grandes cartes où étaient reportés les éléments topographiques comme les fleuves, les rivières et les iles ainsi que certaines voies. Ces plans étaient ensuite découpés de façon géométrique, système qui permettait de répartir équitablement les terres aux colons après la conquête d’une région. Ainsi le cadastre A présente un découpage rectangulaire et les deux autres (B et C) une trame carrée. Ce découpage se basait sur le tracé de deux axes principaux: le cardo (axe Nord-Sud) et le décumanus (axe Est-Ouest), dont la représentation, visible sur le cadastre B, permettait de diviser l’espace en quatre grandes régions et de définir les coordonnées de chaque parcelle. Dans ces dernières, appelées centuries, il est ensuite indiqué ses coordonnées, la catégorie juridique de la parcelle, les surfaces attribuées, la rente à payer et quelque fois le nom de l’acquéreur.
Les terrains étaient répartis en trois catégories:
-ceux attribués aux colons (EX TR),
-ceux qui étaient loués (REL. COL.): dans ce cas le montant de la location et le nom du locataire sont également spécifiés. Les noms indiqués sont d’ailleurs en grande partie d’origine italienne.
-enfin, les terrains rendus aux indigènes vaincus (TRIC. REDD). Ces terres, généralement situées dans les zones les plus déshéritées, sont sans surprise les moins bonnes.
Un fragment du cadastre A avec un îlot sur le Rhône en son centre (localisation non déterminée)

Un fragment du cadastre A avec un îlot sur le Rhône en son centre (localisation non déterminée)

Le cadastre B avec le cardo (en bleu) et le décumanus (en rouge) (plaine d'Orange à Montélimar)

Le cadastre B avec le cardo (en bleu) et le décumanus (en rouge) (plaine d’Orange à Montélimar)

Un fragment du cadastre B avec une rivière (plaine d'Orange à Montélimar)

Un fragment du cadastre B avec une rivière (plaine d’Orange à Montélimar)

Aucun nom de lieux n’étant indiqué sur les cadastres, leur localisation n’a pu être déterminée qu’en les superposant avec des cartes modernes. Si le cadastre A n’a toujours pas pu être situé avec certitude, certains spécialistes pensent qu’il devait couvrir la vallée de l’Aigues ou le massif des Alpilles. Le cadastre B, le plus grand (faisant environ 5,9m de haut sur 7,5m de large), couvrait la vallée du Rhône d’Orange à Montélimar et le cadastre C, contenant un ensemble d’îles ‘les insulae Furianae’, correspond à une région en bordure du Rhône qu’une hypothèse situe au niveau de la vallée de l’Ouvèze.
Un fragment du cadastre C représentant un ensemble d'îles (région en bordure du Rhône)

Un fragment du cadastre C représentant un ensemble d’îles (région en bordure du Rhône)

La découverte des trois cadastres d’Orange a permis à l’époque de faire de grands progrès dans la connaissance du système foncier et fiscal romain et ils restent aujourd’hui encore un témoin rare de la science romaine au même titre que le théâtre voisin.

 


Non loin d’Orange, se trouve la ville de Caderousse ceinturée d’un rempart moderne.

1 Comment

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *